Octobre 2023
Monsieur
Je voudrais tout d’abord et en même temps vous rassurer, je suis bien réveillé même si je vis un cauchemar.
Je suis bien réveillé comme beaucoup, parce qu’il est impossible de dormir sous le chahut permanent d’une esbrouffe institutionnelle érigée en système où seuls doivent-être maintenus, en politique comme en économie, l’idéologie même perdante des uns et les intérêts renforcés d’autres plus puissants, au détriment de tous. De tous ceux qui subissent et que pourtant, un pragmatisme efficient guidé par des réalités devenues pénibles mais encore réversibles, pourrait préserver. Réalités ou plutôt conséquences, de vos va et vient erratiques, de ceux d’ineptes nationaux dont vous gérez le cadre ou supranationaux dont vous subissez le dictat.
Pour que vous compreniez, même si je doute de votre ignorance à ce sujet, je voudrais illustrer l’outrecuidance assumée de cette missive, en évoquant un très large domaine d’activité qui est le mien : l’immobilier neuf ou pas et la construction de logements en particulier.
Tout d’abord rappelons que ce domaine, pour l’essentiel, les « chinois » ne l’auront pas, c’est un point qui pourrait, malgré vos injonctions, permettre à ceux qui s’y trouvent de conserver le sommeil. Mais, comme le présage le pourrissement actuel, entretenu par les conditions d’emprunt d’un HCSF hors sol et sans nuance ( les dernières mesures homéopathiques de cet aéropage indépendant et présidé par… le ministre des finances, laissent pantois), l’Etat sous l’étau des directives de l’Europe et de la haute finance souveraine son créancier et commanditaire obligeant, sacrifie l’immobilier en général, tout en s’apprêtant in fine, à rafler la mise à vil prix, de ce qui restera du secteur du bâtiment dévasté ; ce qui lui permettra d’accaparer par la suite l’ensemble de la construction en l’étatisant ou en créant un domaine réservé articulé par Bercy, la Caisse des Dépôts, des fonds de pension ou d’autres spécialement créés.. un étatique libéral « en même temps » que l’on perçoit dans toutes les annonces remontant du fond des ministères !
La crise de l’immobilier « nécessaire » pour le désendettement des particuliers (prétexte contredit par un endettement immobilier en baisse de 28% fin 2022 par rapport à 2020), que vous maintenez avec cynisme la main sur le cœur, comme « en même temps » vous le faites avec l’électricité, est en réalité installée à dessein pour conserver la solvabilité des contribuables de plus en plus accablés, soutenir la consommation et le PIB et détourner l’épargne des français vers des fonds gérés par l’Etat, une façon pour ce dernier de s’endetter à cout réduit et sans risque.
Cette crise va réussir, ceci devrait vous satisfaire pour les raisons non avouées évoquées plus haut mais aussi pour d’autres qui le sont encore moins…. Rassurez-vous à nouveau, vous pourrez cacher vos responsabilités sous le brillant alibi humaniste, que donne aux décideurs dans ce domaine, l’habitat « social ou écologique » encouragé voire imposé quoi qu’il en coute. Posture politicienne déculpabilisante et moralisatrice, ici, face au désastre provoqué prétendument rédempteur, et ailleurs face aux conséquences d’autres catastrophes issues de dénis multipliés, d’errances anciennes ou récentes de gouvernance ou d’abandon de souveraineté.
Cette parfaite image que l’on conforte à des fins électorales mais pas que… ou naissent les pires forfaitures que subissent en permanence les français et dont a souffert par exemple, jusqu’à presque s’effondrer, le nucléaire français.
Et oui, certains n’ont pas les qualités et les vertus qu’ils s’obstinent à vouloir laisser paraitre. Quand ils parviennent enfin au pouvoir, ils ne maitrisent plus rien et, faute du courage de l’avouer, restent défiant les réalités, accrochés à leurs croyances, préoccupés de leur seule personne ou de leurs amis, détruisant ainsi l’avenir que tous devront connaitre et subir, pour préserver le leur.
Monsieur, vous avez décidé avec quelques autres chez vous, à Bruxelles ou plus loin, de « perdre » le plus grand nombre d’acteurs de l’immobilier et de la construction dont je fais partie, au seul prétexte affiché de percer une bulle qui n’explosera pas, parce que le besoin augmente en même temps que les difficultés de construire fleurissent, le plus souvent par démagogie, pressions ou calculs électoraux..
Comme le prédit l’adage du bâtiment, notre perte entrainera celle de beaucoup d’autres mais aussi la vôtre, il est temps de quitter votre propre bulle et dans ce domaine, comme ailleurs, de « vous réveiller vous-même », pour que nous puissions enfin dormir.
Salutations.
Christian CERDAN
